le jour du jour égal (à la nuit)

je laisse mes doigts courir:

le ciel fait des tiennes rayonne et poudroie de cristaux et de givres. des rideaux glissent s’envolent. bouchées de gris sale comme plâtrées d’écumes les heures blanches s’alignent et nous mangent nous mâchent le dos la main par le front dévoré la fontanelle ouverte les yeux rivés devant la grande étoile du jour

une oscillation immense balance les isthmes de pierres fondamentales (tu dirais « montagnes » ou « rocheuses »), les peuples-forêts respirants et tapissés de mycorhizes, ses vigiles attentives, les océans profonds habités d’animaux inconnus et dépeuplés des connus, les lignées de créatures vivantes dotées de fourrure et d’ailes, d’insectes préhistoriques, et les hommes malades de pouvoir et de destruction. elle balance dans ses signes et ses odeurs nos mythes et nos erreurs, la folie des croyances, nos peurs

errants dans tout cet espace, accrochés à la lune, à l’étoile, tournent la saison le monde la pensée la vie. tournent nos villes et nos jardins. et plus grand que nous, plus vaste, tournent les étranges planètes compagnonnes d’un tout petit système solaire propulsé vers tout l’inconnu

devant les grands mouvements des poulies du ciel, comment les êtres auront-ils inventés la pensée d’un immuable insensé (ou incensé) alors que tout fait un sens si gigantesque, comment auront-ils eu l’idée de se penser en quelque pouvoir que ce soit, qui plus est illusoire, quand ils vivent sans comprendre ni percevoir l’extraordinaire même du fait d’exister, ici maintenant, quelque part sur la Terre, où la seule égalité réelle est celle de l’équinoxe entre deux solstices

* … *

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je suis pour l’égalité, les montagnes sont égales à la mer

je suis pour l’égalité, les forêts sont égales aux êtres

je suis pour l’égalité, les libellules sont égales aux fleurs

je suis pour l’égalité, les caribous sont égaux à un peuple

je suis pour l’égalité, les slips sont égaux aux slips

je suis pour l’égalité, l’humain est égal à lui-même

je suis pour l’égalité, l’humain n’est pas qu’homme

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* … *

mais ce n’est pas égal, la vie. la planète contre les humains, les humains contre la planète, ce n’est ni égal ni loyal ni juste. cette lutte qui l’inventa, qui l’entretient, qui croit un tel mode de pensée — livrer bataille à sa propre planète, n’est-ce pas imbécile et autant que de s’attacher une bombe au corps délibérément — : je remets en question la supposée supériorité des humains et les mets au défi de sauver le monde de la stupidité destructrice ancestrale

qui change la pensée qui l’ouvre vers le futur …

nous ne sommes que des témoins dans une course à relais, soit, nous recevons le bâton-vivant pour en être les porteurs d’une génération à l’autre, soit, mais pour le transmettre d’une génération à l’autre : qu’est-il transmit, l’angoisse ou la joie

* … *

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post scriptum :

El Niño cuit des oies à froid

je répète:

El Niño cuit des oies à froid

les renards du jardin festoient

il y aura des plumes et du sang

sur les fleurs sauvages ce printemps

les poulies du ciel

traces blanches

« Vous avez tué la beauté du Monde » — Huguette Gaulin

l’automne se l’est coulé douce jusqu’à la mis janvier, et tardivement arrive une bordée de neige après de longues pluies glaciales. par millier ses cils ses cristaux fouettent. blanc, le sable du ciel est sur nous. il chuchote et pique droit. par millier ses minuscules faucons. charriés dans l’air froid et le balayant jusqu’au lit des sols.

bancs de faux blanc des poussières ramassées, ruisselants de reflets souillés, comme nos modes de vie souillent. comme les villes. grises. beiges. sales. il n’est plus de neige propre depuis au moins deux années. il n’est plus de pureté sur Terre.

vite la ville se remue avec ses camions pas zélectriques. et met du sel. du calcium. de la grenotte. du concassé. vite la charrue devant et sans plus de boeuf, le viandu d’humain le remplaçant et conduisant la bruyante machine à chasser la neige. chasser. bardasser. comme on maltraite la chair se maltraite la neige. vite il faut faire des tas de ce sable impur et les embarquer dans les bennes poussives jusqu’au dépotoir à slosh et neige crottée. brunie. noircie.

vite les souffleuses immenses avalent et crachent la beauté du monde, tels les hommes avalent et crachent le monde lui-même. le monde tenu en mâchoires et si bien que les possédants figurent des chiens baveux avec l’os à la gueule.

— « et après l’os, on fait quoi… »

— « on creuse, évidemment ».

on creuse. on salit. on envoie tout en l’air. on pollue l’air et l’eau, partout. on dévalise jusqu’à plus rien. et plus rien c’est bientôt…

vite on nous dit qu’on est tous coupables, responsables, on nous fustige et nous dresse au recyclage et aux bons gestes, vite on nous pousse à consommer et on nous écrase de dettes insensées. de lois. de taxes. de double impôts. la libre québécoisie démocratique, ça coûte, nous dit-on en langue de bois et entre les branches du sapin qu’on se fait passer.

comme si rien n’était, au matin la ville vibre et tonne, les sirènes des camions à chenillettes hurlent, les pelles donnent un concert en direct, avec klaxons et grognements. les enfants passent en criant. les écureuils sont contents. ils chient. s’ébrouent. vaquent. crient aussi. il ne fait pas encore froid comme il fait froid en janvier. il n’y a pas de givre aux fenêtres urbaniques. on ne grelotte pas en faisant le café… non car El Niño joue sur les poulies du ciel, il s’amuse du maximum du cycle solaire. nous n’en sommes qu’au début.

au début de l’an fou. et de quelques traces blanches dans l’hiver jeune. jeune de la lente remontée de la pente de la planète. de ce moment de glissement de la calotte d’air glacée du Pôle Nord sur les terres du Nord de l’Amériquoisie canadienne, anciennement dit « le pays des neiges ».

les poulies du ciel

un fil rompu dans les ondes

lentement on s’avance où glisse le temps qui nous efface. doucement on s’émiette et s’égraine geste par geste, bribes de particules par bribes de particules, un souffle à la fois. on s’avance dans le vent de la rotation de la planète qui nous porte et nous emporte. on s’avance dans la giration oscillante autour d’un soleil. on se hisse en avant de soi jusqu’à la dernière minute, jusqu’au moment d’un noeud ou de la coupe nette, soudaine.

la dernière minute, celle qui projète hors du corps, net. soudain.

alors il n’y a pas de claquement sonore, aucune brèche ne s’ouvre dans l’immatière de l’univers, on ne voit pas le ciel s’écarter en une sorte de chemin, rien n’apparaît. rien. un fil est rompu. et rien. aucune poulie ne dégringole. une vie s’est éteinte. un corps est laissé là. inanimé. une enveloppe vide de vie, de vie envolée.

un fil est rompu et il n’y a rien à tenir. rien. et pourtant tout. tout soi.

parmi chacun proche et lointain-proche pourtant vient le claquement senti, le choc. une brèche intérieure s’ouvre, un monde s’écroule sous le ciel trop vaste tout à coup. tout l’autour tombe en valsant et comme la neige tombe au ralentis, ou tel un lourd rideau sur le coeur. tombe l’absence. et elle résonne.

avec elle résonne le lègue de la présence. les souvenirs bougent et vivent. l’étincelle du regard brille dans la mémoire, le sourire éloquent, la phrase inopinée, l’humour et l’intelligence, la douceur et la tendresse forte, tout cela apparaît nous peupler pareille à une forêt étonnante poussée là du jour au lendemain.

on se trouve porteur de minutes vécues, porteur de fractales d’une mémoire qui recompose la nôtre, mémoire vive, imprégnée des instants offerts et partagés, chargée d’émotions et de mouvances. on se trouve porteur d’une sorte d’amour qui n’a plus aucun geste ni mot ni rien d’autre que cet d’amour qui reste. on se trouve porteur d’ondes.

porteur d’ondes. ce serait une sorte d’éclat nouveau, une lueur ajoutée à une déjà lueur. ce serait une amplification, sans poids ajouté aux 21 grammes du soi qui s’allège de son corps. ce serait une manière de signe ou d’indication, qui incite et inspire à cet éclat, à ces ondes.

on s’avance sur le fil vivant des jours et du temps, dans les ondes exactement. témoin des filées vivantes des ondes vivantes, témoin vibrant dans la fugacité même du vivre. témoin du présent, ou vigile, ou accompagnant, funambule dans la nuit de l’être.

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les poulies du ciel

[ pensé ou fulminé tout haut ] :

2372 après Platon moins 3 jours

je dis « le politique avorte le futur de la planète »

je le dis parce que presque partout sur la Terre (presque, pour ne pas généraliser…), aveugle et sourd, le politique -quelqu’en soit la forme- avorte toutes les solutions constructives à long terme, il fait tout pour se maintenir dans un statu quo qui le conserve (au pouvoir), et ce même politique dénie (fortement en plusieurs endroits du globe) le droit à l’avortement (comme si on obligeait de force une progéniture, un futur!) pour les femmes (la moitié de la population globale!) ; l’art de la contradiction ou deux poids deux mesures ?

je veux dire que si l’homme se donne le pouvoir d’avorter le monde total, comme il le fait maintenant, et économiquement et écologiquement et humainement, et ce, sans demander notre avis, pourquoi la femme ne pourrait pas avorter dans présent-futur qui ne lui correspond pas ? (est-ce que quelque chose autre que la nature correspond à la femme dans ce monde construit et érigé par l’homme?)

quelle stupide logique illogique permet à l’homme sa contorsion mentale?

homme, je t’interdis d’avorter le futur de la planète Terre! tu es interdit! non mais! je t’interdis de dire que tu es exploité! comme si quelqu’un avait libéré les blancs de l’esclavage! non mais!

tiens, je fulmine!

les poulies du ciel

il est 12:12 et ça ne veut rien dire. il est 12:12 quelque part et ça ne change rien à rien à la vie. la Terre fourmille de huit milliards d’êtres poussés dans tous les sens jusqu’à perdre sens. la Terre grouille de créatures plus ingénieuses que l’homme. et malgré notre connerie, malgré nos bêtises, nos guerres infantiles et putrides, nos gestes de prédation sur notre propre espèce vivante, les poulies du ciel tiennent bon. ça n’a rien à voir avec un dieu ou l’autre ou quel que soit le nom de la croyance. il n’y a plus de croyance qui tienne car la croyance tue. allègrement.

une vaste tension gravitationnelle nous roule et nous glisse vers les demains de plus en plus flous et incertains. les filins invisibles nous tirent dans l’expansion de l’univers. nous ne savons pas où nous allons. nous ne savons rien de notre trajectoire. Archimède creusait le sens du roulement des astres. Copernic dessinait un soleil centrique. des siècles et des millénaires se sont écoulés comme l’eau d’un ruisseau. lancés vers les confins, les Hubble et James Web s’obstinent et flottent dans l’espace, nous envoient des images déformées du temps fluide du cosmos. nous sommes sur un vaisseau spatial tout rond et sale. nous en sommes responsables, mais responsable ne veut plus rien dire. alors nous vidons les cales. nous vidons tout. même la vie. bientôt il n’y aura plus d’eau propre à boire. est-ce là toute l’expansion dont notre intelligence est capable? comme c’est pauvre et triste ce mur dans lequel on fonce de force…

parfois je me dis que le monde n’a pas encore commencé sa véritable humanité. je me dis que l’humain masculin, qui tient soi-disant les longes et le monde en laisse, n’a pas encore compris qu’il ne fera rien de bon, seul. seul, il est l’aveugle temporel. seul, il se détruit. et il mène les peuples à la baguette des banques, des oligarques, des fous du cash, des malades de l’or et du fuel. et ça creuse la planète pour l’Avoir. hystérique, à la menace que tout s’écroule.

pressé d’avoir, d’obtenir, de détenir, de posséder, il pousse tous les peuples à la mort, le plus vite possible, pressé du jouir, seul. comme un petit garçon qui s’ennuie et se masturbe pour oublier parfaitement la moitié du monde qui ne lui ressemble pas vraiment, la moitié du monde, celle qui engendre le futur. je ne dis pas que la femme est meilleure, on n’en sait rien de rien puisque la femme n’a jamais pris le pouvoir du Monde dans ses mains, sauf quelques fois, deci delà. je me demande ce que donnerait une Terre où la vision se reconstituerait entre les hommes et les femmes… ça pourrait peut-être faire une petite différence?

il est 13:13 maintenant et comme tu le vois, ça ne change rien. je me dis que ce n’est rien, deux millénaires, ça passe vite. ça passera si vite. dans deux millénaires que restera-t-il du monde d’aujourd’hui? rien de rien, parce que les rois tuent, les dictatures tuent, le communisme tue, le capitalisme tue, tout ça tue la Terre. les bombes et les missiles font sauter des merveilles d’architecture et de vie. tous les beaux discours parlent la bouche pleine de mensonges pour tuer le monde. très vite. tout de suite. tout de suite et très vite.

dans les parages d’un pays qui se refuse d’être et de devenir un véritable pays – parce que les banques tiennent les gouvernements par les castagnettes ou les roubignoles (dis comme tu veux) – le temps glisse aussi. le temps presse. ici des femmes s’avancent parfois dans des actes non exempts de formes de violences, opèrent directement où cela fait mal au système pensé par l’homme et maintenu par lui, elles grimpent dans la société, s’agrippent tant qu’elles peuvent. mais elles se trouvent devant des sourds (de la masturbation mentale et de la branlette putative de l’économique, qui suce qui?). faudrait-il que la femme invente un dispositif télépathique pour recommuniquer les besoins réels à la vie-même pour que l’homme se rallume les neurones?

bonjour monsieur, ici au singulier pour le pluriel, voici des solutions à long terme : 1) laisser votre phallus dans son slip, 2) ne pas penser avec son gland mais avec sa tête, et on laisse les couilles en sommeil, le sperme bien rangé, dodo, couché! bonjour à ton cerveau, 3) on désarme tout le monde, pas de matraque, pas de gun, pas de canon, pas de bombe, ça suffit le trip du gros zizi qui tue, 4) il y a du pain et du lait pour chacun si on réorganise les histoires de quotas, adieu les pertes et vive les banques alimentaires mondiales avec une répartition juste, 5) chacun a droit à un toit, une éducation qui éduque (et ouvre l’esprit et ses talents), et des soins qui soignent, 6) nous avons tout ce dont nous avons besoin pour une économie circulaire, 7) sans le peuple un gouvernement n’est rien, donc la base c’est le peuple : du pain, du grain, de l’eau, des soins d’hygiène, de l’éducation, de l’espace à être pour grandir, pour ensuite contribuer à la société (non pas à la mode des banques, mais selon la nature des qualités de l’être en développement), 8) on ne touche plus à la nature : tu veux du bois, cultive-le, tu as besoin de construire des maisons? creuse sous la terre, d’abord tu adores ça jouer aux camions, ensuite les maisons ne seront plus détruites ou ensevelies sous la mer par des cataclysmes que ton insouciance aura causés puisque… tu as besoin de métal? transforme les rebuts, nettoie les dépotoirs de chars, de trottinettes électriques, et de toutes les cochonneries sur terre et dans la mer, tu as besoin de plastique? invente un plastique qui se récupère (ça existe déjà mais tu ne veux pas t’en servir parce que tes amis ne vendront plus de pétrole sauf que le pétrole – la sauce de dinosaures pure – c’est fini, vidé, n’a plus!), change de jeu, joue à l’énergie solaire, 9) vérifies toujours toutes les solutions même celles auxquelles il t’est impossible de penser parce que ton cerveau ne te mène pas dans cette direction : demande donc conseil à la femme, pour voir, tu pourrais être étonné, 10) fais de la place pour une école de pensée qui recommence les humanités en incluant les femmes et leur mode de pensée inscrit dans l’égalité, l’historicité, le long terme, la synergie des qualités et capacités intrinsèques, 11) tu as changé avec le temps, tu n’as plus huit ans tu ne joues plus dans le carré de sable, alors pourquoi te comporter comme si tu y étais encore? tout change, même la manière de gouverner, 12) tu n’existes pas sans la femme, tu ne serais pas né sans elle, ne te racontes plus des histoires d’horreur qui entretiennent ta peur atavique du vagin dont tu viens, ou de Ève tordue par un serpent, elle offrait simplement une pomme à son Adam quand il avait faim, ce n’est quand même pas de la faute de Ève si la dent d’Adam ne savait pas croquer et mâcher et avaler le fruit pour l’intégrer! Ève a intégré, elle, et toi depuis des générations tu craches sur les bons morceaux pour être fidèle et loyal à une idée saugrenue de l’Adam, j’en peux plus… ni des mythes de Yahvé ni du blabla extrémiste des Allah-istes, je n’en peux plus, ça tue la pensée, ça avorte les solutions : je l’ai dit, cela avorte, t’en rends tu compte, et te rends tu compte que tu es majoritairement contre l’avortement, voilà bien le non-sens dont tu fais preuve, monsieur truc…

il est 14:14, le monde n’a pas changé, les humains meurent un peu plus dans l’indigence, par négligence, par sadisme aussi. les femmes cherchent des solutions, elles pédalent, comme l’écrivait une Louki Bersianik dans l’Euguélionne, elles pédalent parmi les « mascles »…

la Terre poursuit sa ronde sur la lancée d’un temps sans mesure, hors de toute mesure humaine. la mesure humaine ne s’applique pas à l’homme lui-même, bien sûr que non voyons! mais à tout ce qu’il touche… bientôt la Lune et Mars seront nos nouvelles poubelles, enroulées profondément dans des orbites vides, qu’animent les poulies du ciel..

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texte extrait d’un billet facebook et modifié le 30 décembre 2023.