Inner rope 1.2

écoute / fil-mère

Il n’y a pas de mystère, il n’y a pas de mystère sauf ceux qu’on croit. cependant, les détours de la mémoire, leurs mouvements de retrait – comme les vagues charrient, apportent, déposent pour reprendre ensuite – n’ont rien à voir avec la lune que tu connais, celle ronde et blanche qui tourne autour de la planète, non, ce serait plutôt comme avoir une lune intérieure qu’on ne voit jamais, mais qui pourtant tourne et impose par ingravité ou surgravité – entends ici peut-être ce qui s’apparente au poids intérieur des affects et leurs intensités – le résurgissement… paradoxalement qu’une sorte d’ambre psychique fige-t-elle des séquences mémorielles, écailles et ailes aux transparences de miroir et d’eau, ambre dont le seul contact produit un choc libérant des parcelles, quelques particules… images fragmentées et fragmentaires.

peut-être était-ce le passage de l’ingravité à la surgravité qui fit office de coïncidence. la vue d’une lettre écrite à l’encre bleue. un écroulement senti de murs hauts, de pans de montagnes déchirées soudain, effaçant brutalement le monde à mes yeux et pour quelques instants, pendant que la sensation de chercher à tâtons dans le noir, la sensation de toujours frôler sans atteindre véritablement, est remplacée par le choc, le choc foudroyant d’un fil véritable, d’une corde chaude et d’un bleu lumineux traversant mon corps de part en part à l’emplacement exact du sternum. alors survient la vague étrange, la vague qui n’a pas de mer, celle qui soulève et renverse des mythes mis en boîtes par la parole d’autres, celle qui efface ces contenus apparents mais sans fond, celle qui tue l’invéritable à l’instar d’un tsunami, et balaie – moment propre s’il en est – la face intérieure d’un monde…

Il faut se fier à la fibre, depuis le tout début du début, il faut s’y fier. elle contient le chant et la libération du corps dans le corps, elle contient jusqu’aux gestes. cette fibre conduit nos corps l’un dans l’autre et arrime, par le jus merveilleux qui pulsent dans les veines. c’est ainsi que je découvre que les ambres et leurs miroitements portaient l’ouvrage fragile de la mémoire dans la mémoire. la sienne que je croyais avoir perdue à tout jamais.





À elle,  je dirais

j’aimais te voir écrire, je m’en souviens, tu écrivais beaucoup…
j’avais la fascination de tes signes et toute leur importance résidait dans le silence avéré

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